Éditeur :
Sony
Type :
OVNI vidéo-ludique
Classification :
Pour tous publics
Les légendes racontant l'histoire des messies se recoupent toutes en un point: ils apparaissent quand le besoin s'en fait sentir... En ces temps de trouble dans l'univers du jeu-vidéo (reportages accablants, thèse mettant en cause le jeu-vidéo en ce qui concerne les violences urbaines...) il était temps que le messie arrive et démontre que jouer ce n'est pas seulement tirer sur tout ce qui bouge.
ICO, sortit en 2002, avait préparé le terrain en alliant plaisir de jeu à poésie, c'est donc avec plaisir que nous retrouvons l'équipe de développement pour leur nouvelle oeuvre: Shadow Of The Colossus.
Est-ce donc un énième jeu d'aventure en 3D? Ou bien est t'il le sauveur tant attendu? Réponse dans les lignes qui suivent... Une ouverture poétiqueAlors que la mode semble être à la complexification et à la technicisation des jeux-vidéo, Shadow (pour les intimes) prend le joueur à contre-pied en lui offrant un jeu épuré (sans être simpliste) et ce à tout les niveaux.
L'histoire tout d'abord, le jeu débute alors que votre héros (après avoir traversé de magnifiques paysages durant la scène d'introduction) dépose une jeune fille morte (sœur? amie? amante?) sur un autel, pour la faire revenir à la vie il passe un pacte avec un ancien dieu et devra abattre 16 gigantesques colosse, il sera aidé dans sa quête par son fidèle destrier.
Voilà les seuls éléments qui nous sont donnés pour entamer l'aventure. Pauvre me direz-vous? Peut-être, mais c'est pourtant l'une des forces du soft, se contenter de l'essentiel afin de mieux faire ressortir les émotions.
En effet est-il nécessaire pour partir à l'aventure (avec un grand A) qu'un complot éclesiastiquo-politique menace le monde?
Certes non, pour le héros, comme pour tout à chacun, la simple perte d'un être cher suffit.
D'autant plus que la simplicité du scénario n'empêche pas quelques surprises que je ne dévoilerait pas...
Vous voici donc partit remplir votre part du marché, armé de votre épée (magique bien entendu), de votre arc et surtout de votre courage.
Vous serez guidé dans vôtre quête par Dolmin (le dieu avec qui vous avez passé un pacte) qui vous prodiguera des conseils tout au long de l'aventure.
L'autel en question et les 3 personnages du jeu, admirez le jeu de lumièreUn peu de douceur...Pour trouver vos ennemis il faudra user du pouvoir de votre épée, celle-ci peut en effet, sur simple pression du bouton rond, refléter les rayons du soleil et vous indiquer l'emplacement de votre prochain combat.
Notez que votre position dans l'univers du jeu est prise en compte pour la précision des indications de votre arme, par exemple les zones d'ombre et les forêts denses ne laissant filtrer que peu de soleil vous obligeront à vous guider avec un simple filet de lumière.
Parlons d'ailleurs de la géographie de l'univers, un mot pourrait le qualifier: immensité, en effet les développeurs on fournit un travail monstre sur ce point du jeu, ainsi vos pérégrinations vous ferrons traverser des montagnes, des forêts, des lacs...
Tout ceci resterait très basique si le passage de l'un à l'autre des lieux ne se faisait pas sans temps de chargement!
En effet le monde est construit comme un tout, et non comme des "fragments de tout", il suffit de chevaucher et de voir progressivement le décor s'altérer pour le comprendre.
Notez que vous pouvez à tout moment mettre en suspens votre quête pour vous octroyer une petite promenade champêtre (profitez-en pour écouter les bruitages de la nature, très immersif...), c'est d'ailleurs le meilleur moyen de découvrir pleinement le jeu, mais également la seule façon de visiter tout les recoins du monde.
Le fait est qu'il est tellement grand que si vous ne suivez que la trame scénaristique vous n'en apercevrez pas la moitié (moi-même, l'ayant pourtant finit plusieurs fois, il m'arrive de découvrir de nouveaux lieux).
On regrettera toutefois quelques bugs d'affichages et un léger alliasing, on sent de fait que la PS2 est poussée dans ses derniers retranchements.
L'épée en action...Dans un monde de brutesQu'en vous vous sentirez prêt à relever le défis suivez les indications de votre épée pour vous rapprocher de la zone de combat, votre premier obstacle sera la nature elle-même, en effet il n'est pas aisé d'atteindre votre ennemi et vos capacités athlétiques (enfin celles du héros) seront mises à rude épreuve, ainsi vous vous retrouverez souvent à bondir de falaises en falaises et à gravir des sentiers escarpés, sans compter les multiples détours qu'il vous sera nécessaire de faire, en raison d'un terrain accidenté par exemple.
Cependant ne vous inquiétez pas un tutorial vous indiquera les mouvements de bases nécessaire à votre survie:la touche triangle pour sauter et touche R1 pour vous agripper vous servirons particulièrement.
Dommage que dans cette phase certain bugs vous fassent chuter lors d'un saut, malgré tout, cela est rare est vous ne pesterez que rarement contre la machine.
Vous remarquerez au passage que les indications à l'écran sont très dépouillées, vous disposez d'une jauge d'endurance, qui diminue au fur et à mesure que vous vous suspendez dans le vide et que vous nagez en apnée, d'une jauge de vie et d'une case vous indiquant l'arme équipée.
Vient s'y rajouter la jauge de vie des colosses lors des affrontements.
En évitant de surcharger l'écran d'informations inutiles, comme c'est trop souvent le cas dans les jeux d'action-aventure, on obtient alors un confort de jeu maximum.
Une fois la phase de plate-forme terminée, une cut-scéne diablement bien réalisé démarre pour vous présenter votre adversaire, le moins que l'ont puisse dire c'est que ça impressionne, déjà bouche bée devant l'animation du héros et d'Agro (votre destrier), celle des colosses vous laissera tout simplement pantois.
Chacun d'entre-eux se meut de façon différente, conformément à leur corpulence et à leur caractère, et toujours avec un naturel déconcertant.
Rarement dans un jeu l'impression de vie n'aura été aussi bien rendue, vous vous surprendrez plus d'une fois à observer les colosses juste pour le plaisir (merci donc à Fumito Ueda pour avoir désigner avec brio les différents Goliath que vous rencontrerez).
Évitez cependant de rester immobile car de manière générale ils vous considéreront comme un gêneur, aussi indésirable qu'un moustique (d'ailleurs l'échelle de taille correspond à peu de chose prés...) et tenteront bien vite de vous éliminer.
Dites-vous qu'il y en à 16 comme celui-là à abattreWagner et le haricot magiqueLa phase qui suit est la plus impressionnante du jeu: le combat.
En effet, comme si la différence de taille ne suffisait pas, les colosses sont fait, pour la majeure partie de leur corps, de pierre, il vous faudra donc user de votre intellect pour les abattre.
Encore une fois votre fidèle épée vous servira, en effet elle pourra vous indiquer le point faible du monstre, à votre charge de l'atteindre...
Pour cela tout les moyens sont bons: énerver le géant avec vos flèches, bondir de votre cheval, faire des roulades...
Il vous faudra parfois même utiliser les particularités du terrain (zones surélevées, geyser...) pour pouvoir commencer votre ascension.
Prend alors place un élément important du jeu: la musique.
Quasi-inexistante lors des phases d'exploration et très calme lors de l'observation du colosse, elle "explose" lors du combat à grands renforts de percussions et violons, le tout sur un ton héroïque des plus majestueux, chaque "type" d’ennemi disposant de son thème vous en aurez pour votre argent.
Pour vaincre cet ennemi il faudra se la jouer furtif...L'ascension commence donc, transformant l'ennemi en niveau vivant, nous obligeant à nous agripper à ce qui passe à portée de main pour ne pas tomber à chaque mouvement du colosse.
Il vous faudra parfois réaliser de véritables prouesses acrobatiques, passant du dos du géant à sa main d'un bond incroyable, pour enfin atteindre son crâne, emplacement du point faible dans 75% des cas, d'ailleurs cette relative redondance rend le jeu plus aisé, (ce qui ne se ressent qu'en mode normal, les combats changeant du tout au tout en mode difficile) ce qui peut parfois irriter tant l'escalade du colosse est un plaisir (enfin un plaisir à jouer, votre avatar lui doit trouver ça nettement moins drôle...) et que l'ont voudrait qu'elle dure.
Le point faible, un symbole lumineux réagissant à l'épée, enfin atteint il vous faudra encore porter un coup (à l'aide de la touche carré) et autant dire que c'est beaucoup plus simple à dire qu'à faire!
En effet le colosse aura tôt fait de secouer la tête, de ruer ou d'user d'autres stratagèmes pour vous faire descendre de votre perchoir, à vous de gérer au mieux votre barre d'endurance pour ne pas aller lamentablement vous écraser 50 mètres en contrebas...
Ca va faire mal...Le jeu en vaut-il la chandelle?C'est la question qu'on se pose lorsque, après plusieurs minutes d'observation et de combats, notre adversaire s'effondre avec fracas, faisant trembler le sol dans un dernier sursaut de vie.
En effet Shadow vous plonge dans une telle relation avec le colosse que vous serait presque triste de voir ce dernier mourir, invariablement vous vous demanderez si vous avez accomplit ce qui était juste, d’autant plus qu’à chaque ennemi abattu votre héros « absorbera » son « âme », ce qui influera sur sa couleur de peau, passant progressivement du blanc « pur » au noir, comme pour graver dans sa chair ses actes.
SPOILER
On peut d’ailleurs établir ici un parallèle avec ICO, dans ce dernier votre héros est au départ rejeté de son village en raison de ses cornes, marque de mauvaise augure, au fur et à mesure de sa quête il gagnera sa rédemption, celle-ci passant par la perte symbolique de ses cornes.
Dans Shadow au contraire le protagoniste principal se verra maudit au fur et à mesure qu’il se rapproche de son objectif, pour finalement dans la scène finale voir son front s’orner des cornes maudites.
La fin du jeu ouvre d’ailleurs les perspectives les plus folles, et à sa vue on peut douter des dires de Ueda lorsqu’il déclare que Shadow n’a aucun lien avec ICO…
END SPOILER
Encore une fois, Goliath est vaincu...Vous l'aurez compris Shadow Of The Colossus est un jeu qui se vit, qui se ressent, et bien qu'il ne soit pas exempt de défauts (très faible durée de vie, quelques bugs d'affichages, jouabilité parfois incertaine...) ce genre de jeux est tellement rare qu'il DOIT faire partie de votre ludothèque.
Un grand merci donc à toute l'équipe de développement de Monsieur Ueda pour nous avoir fournit un jeu onirique, réinventant par la même occasion le jeu d'aventure sur console.
Je vous laisse avec quelques screens pour vous décider:
Apparemment vous l'avez dérangé pendant la sieste...Les colosses ne sont pas tous gigantesques, c'est partit pour un rodéo!Ni vivant, ni mécanique...Kessiere, partit chercher son chevalGraphismes 9/10L'un des plus beaux jeux de la PS2, les décors sont magnifiques et l'animation tout simplement incroyable, dommage qu'un léger alliasing soit parfois présent, ce qui gâche légèrement le travail effectué sur la profondeur de champ, incroyable par ailleurs.
Replay Value 7/10Le plaisir de la découverte est hélas absent des parties suivantes, le jeu n'en reste pas moins excellent et des quêtes annexes sympathiques sont au rendez-vous, notamment un Time-Attack vous permettant d'obtenir de nouveaux objets.
Scénario 8/10Très basique, le scénario n'en reste pas moins accrocheur et plein de surprises, d'autant plus que la fin laisse beaucoup de questions en suspens...
On se plaira à remarquer également tout les détails symboliques, mais également les références à ICO.
Personnages 9/10On ne sait rien du héros et pourtant on se sent très proche de lui, principalement car sa quête initiatique est magnifique.
Les vrais stars restent les colosses et là c'est du tout bon, chacun dispose d'un véritable personnalité, le rendant bien vivant.
Gameplay 8/10Un gameplay basique au service du joueur, chaque action est étudiée et aucune n'est superflus, les différentes phase de jeu s'enchaîne parfaitement qui plus est.
On regrettera juste que parfois votre personnage se fige quelques instants (principalement lorsque vous usez de l'épée à cheval).
Ambiance 9/10L'un des gros point fort du jeu, le monde est incroyablement immersif et il s'en dégage une poésie et une tristesse incroyable. Tout simplement impressionnant.
Son 10/10La meilleure bande son de la PS2, si ce n'est de l'histoire. Kow Otani nous livre un travail d'orfèvre ou chaque mélodie est inoubliable.
Les bruitages ne sont pas en reste et participent à l'ambiance incroyable du jeu.
Durée de vie 7/10Le point faible du jeu, il est très court (entre 5 et 7 heures la première fois), cependant rien ne vous empêche d'errer dans le monde, c'est même fortement conseiller tant il y à de choses à découvrir.
Conclusion 9,5/10Un jeu à faire au moins une fois dans sa vie, tant l'émotion qui s'en dégage est puissante, nul n'est parfais mais Shadow Of The Colossus est très proche de l'être...